vendredi 30 août 2013

ATTENDRE "SE DAMNER POUR L'OR D'UN MOT D'AMOUR"

Méduse abandonnée

Eponge abandonnée

Algue abandonnée
 Mon île, ma nuit, mon sommeil, ma déferlante, ma pierre précieuse, ma perle, ma surprise, ma merveilleuse, mon doux bruit de la mer la nuit, ma symphonie



Et le pêcheur continue son histoire



« Alors mon garçon …
Palétuvier abandonné
Porcelaine abandonnée
« J’ai attendu tu vois ? Je l’ai attendue ici, où tes pieds massent le sable. Je me suis assis et j’ai attendu. Mes yeux sur l’horizon. Je ne savais pas ce que je faisais. J’étais heureux. Je savais qu’elle était là, dans ce monde. Je ne savais pas que j’attendais. Elle pouvait surgir à tout moment. Je ne pouvais pas ne pas être là. J’ai tellement regardé la mer, j’ai tellement regardé le fond de la baie pour y chercher le poisson. J’ai tellement regardé, scruté sans impatience, sans ennui, sans dépit, sans colère. J’ai tellement su toujours qu’il y a chaque jour dans le même fond de la plage du renouveau toujours. De nouvelles traces, de nouvelles arrivées. Qu’il y a eu des départs aussi, dans la nuit, avec la marée. J’ai tellement espéré tous les matins, avec la même confiance en la mer, j’ai tellement découvert chaque matin ce que je n’espérais pas, ce que je n’espérais plus. J’ai été tellement surpris chaque fois, le sourire me venait toujours avant et après. J’étais assis et je regardais l’horizon comme je regardais le fond de l’eau. Je souriais. Tu vois elle est là. Elle est là-bas et elle vient. Attendre avec la mer pour respirer. Attendre avec la lumière pour t’habiller. Attendre et regarder le jour et puis la nuit, et puis le jour. Attendre les signes qui laisseront des traces. Savoir qu’elle t’écrit et qu’au matin ce que tu trouveras dans le sable t’indiquera sa position, sa halte pour dormir, la douceur de son refuge ou la lutte contre le froid. Attendre qu’une trace te confirme que tu avais raison de lui envoyer de la chaleur cette nuit, de lui envoyer  de la force pour guérir le mal qui lui tordait le ventre. Attendre et suivre le pêcheur solitaire qui voit sans doute plus loin que toi. Tu vois, le clan Pêcheur quand il part chercher la tortue, s’il ne trouve pas de trace sur le sable le matin, il ne partira pas pêcher. Attendre et lire les mots d’amour qu’elle a cachés dans l’ombre de la nuit. Je ne me posais jamais de questions. Personne ne m’a jamais parlé comme elle me parlait. Je l’entendais, toujours, j’entendais ses belles phrases, ses jolis mots. J’entendais tous ses pas résonner dans le monde, tous ses gestes tordre l’air et brouiller l’horizon. J’entendais sa chanson, sa voix, sa musique. J’étais heureux. Je l’entendais, je la voyais, elle arrivait. Combien d’années ? De quoi, de mois ? D’années ? De quoi, je ne sais pas. Elle avait dit un jour « c’est une promesse », alors j’étais heureux, que cette femme que j’attendais m’aie fait cette promesse. Oui mais c’est quoi le bonheur ? Je n’en savais rien non plus. J’étais heureux mais je ne savais pas que je l’étais. Parce que quand elle est arrivée … mes yeux se sont mis à couler. Et là j’ai compris que je n’avais encore rien vécu. Que tout allait commencer. »



Pêcheur solitaire

Quelques jours et soudain le dernier.



A toi à qui je parle, à toi à qui jécris,


A demain