mardi 3 septembre 2013

A TOI A QUI JE PARLE, A TOI A QUI J'ECRIS, A DEMAIN






Je ne cherche pas ton nom, je le répète, je le décline, je le repeins, je le pétris, je le sculpte, je le lance, je le lave, je le rêve, je le redis, je le rabâche, je le joue, je le creuse, je le polis, je l'écris, mille fois partout, je le chuchote, je le hurle, je le murmure, je le grave, je le connais, ton nom, je le connais, c'est tout ce qui vient dans mes entrailles quand tu es devant moi, devant mes yeux, devant ma musique, devant le ciel, devant ma pensée, c'est-à-dire toujours.


Mon île, mon aile, mon épaule, mon fil, ma couleur invisible, mon secret, ma route, mon ciel, toi qui es juste au-dessus de la vague, toi qui portes la voix jusqu'au silence, toi qui ne baisses pas les bras devant la confusion de ton esprit.


 

Il y a un prénom en Kunie qui signifie : « le bruit de l’existence de quelqu’un, de quelque chose ». Qui peut porter ce nom ? A quel destin ce nom va-t-il voué celle ou celui qui le porte ? Qu’est-ce qui sera commun au nom et à l’être. Comment vont-ils vivre ensemble ?

Et le pêcheur raconte

"Mon nom, qui veut dire "entre l'eau et le vent", m'a posté sur cette plage, sur cette ligne. Ce nom m'a appris à voir, à entendre, à lever les yeux et à regarder à nouveau avec d'autres yeux. Puis il m'a appris à attendre. Enfin il m'a soufflé que j'attendais quelqu'un, une femme. Mais il ne m'a jamais appris son nom à elle.
A toi dont je cherche le nom depuis toujours. A toi que je nomme et nomme et renomme à chaque seconde, à toi dont je cherche encore le bruit, l’avant et l’après, le cœur et l’existence invisible, à toi dont je cherche encore le souffle, l’aura, l’âme, la conscience, à toi qui disparais  quand je crois t’appeler, quel nom portes-tu ?
Celle qui est juste avant l’instant ?
Celle qui quand elle s’effondre s’élève dans la force ?
Celle qui est entre le jour et la nuit?
Celle qui quand elle protège devient la gardienne de la vérité ?
Celle qui est la gardienne de l’histoire, de notre histoire ?
Celle qui tient le secret dans la main droite?
Celle qui court juste devant la lumière?
Celle qui ne peut pas n'être qu'une seule femme?
Celle qui court quand elle est malade?

Celle que j'attendais?

Oui, tout simplement? Celle que j'attendais?
Oui, celle que j'attendais, c'est ton nom."


La pluie est tombée toute la nuit. La lune était violente aussi toute la nuit. La lune ment. La lune change et elle ment sur son projet. Les secousses m'ont tenu éveillé. Décalage à l'envers, de nouveau le sommeil m'a abandonné. J'ai les yeux plein de sable et l'esprit à cheval sur le temps. Je dérive. La lune m'a enlevé, kidnappé. Quelques jours elle a dit, juste quelques jours, le temps de laisser passer ces orages, ces catastrophes, ces tsunamis, ces tempêtes, ces guerres, ces doutes, ces disputes, ces malentendus, ces dérisoires effets des hommes, ces coups de blues et de cafard, ces effrayantes dépressions de fatigue, ce dégoût des reprises, des rentrées, des habitudes, le temps qu'ils disparaissent et je te poserai sur l'épaule où tu dois caresser l'infinie douceur des pétales, le satin du coeur palpitant, juste quelques jours, et ton cheval arrêtera sa course. Juste quelques jours, le temps que je remette ma chemise de lumière, et me retourne, pleine à nouveau, pour éclairer le chemin, la nuit. Quelques jours, je t'enveloppe quelques jours dans un autre monde, je te protège, sur une autre planète.

Ma lune, est-ce que tu mens? Est-ce que tu me mentiras? Non, please, ne me mens pas, ne me mens jamais.


A toi à qui je parle, à toi à qui j'écris,

A demain