jeudi 19 septembre 2013

LE VENT SOUFFLE SUR MA FAMILLE



 La lune est pleine, elle attrape violemment les nuages et les souffle d'un revers de main, inlassablement, heure de pointe chez les planètes, tout se bouscule et les sens viennent se loger dans le noeud du coeur qui bondit et rebondit, orchestre de la rue, percussion de ferraille.

Mon plateau de vieille planche, mon puzzle secret, mon foyer imaginé, ma maison de bois, mon île, mon théâtre, ma merveilleuse, ma Californie, mon rêve, ma gamine, ma musique, ma belle balade au paradis, ma faim, ma soif, mon dictionnaire du bonheur,

La magie des reprises, le plaisir des retrouvailles, la grandeur des acteurs, toujours, toujours plus grands et plus beaux que tout.
 La grandeur de l'auteur, l'intelligence du texte, les rires quand on le relit.

Les traces dans les yeux, les reflets sur les peaux.

L'invention sur l'instant comme une guitare improvise le jazz, le rock ...
 La musique qu'ils jouent les acteurs, dans la seconde de la répétition est magnifique.
 "Sur le quai  le paquebot fait rugir un moteur et éloigne sa poupe, et tourne en rond quelques minutes, avant de lancer son étrave vers la sortie du port. Elle est sortie du bar où le violoniste a bu du rhum avec elle. Elle a les yeux noyés, dans leur couleur, dans leur marée. Elle ne voit pas grand-chose parce qu'elle ne cherche pas à voir. 

Elle cherche à sentir. Elle cherche une odeur. Elle cherche une humidité sur ses doigts. Elle cherche des mots qu'il lui murmurait. Elle les voit elle les sent elle les entend. Les traces ne sont pas des vieux souvenirs qu'elle force à remonter.

Les traces ne sont pas les ruines du passé. Les traces sont sur sa robe, les cartes postales sont sur sa chemise de mec. Les messages téléphonés sont écrits sur ses lentilles. 

 Le bateau n'est plus rien. Il a laissé dans l'eau plate du port un sillage qui disparait, une écume qui s'apaise et efface. 

Que reste-t-il de ce dernier balbutiement sur la pierre brisée sous le phare au loin, au bout de la jetée?


Tout. Tout est là. Dans ses cheveux, sur ses lèvres.

Comme le sillage qui s'efface dans le nouveau mouvement des vaguelettes insignifiantes du port, les traces de cet immense vie parlée et dite et vécue seconde après seconde ne disparaitra jamais, se fondra dans les écumes renouvelées, les phrases éternelles."

Répéter, répéter, répéter, répéter, que reste-t-il du théâtre quand un acteur prend la relève. Où sont les traces? Que font les traces?

Un mélange de l'avant, de l'instant, du présent, du futur. Que du bonheur.

A toi à qui je parle, à toi à qui j'écris,

A demain