samedi 28 septembre 2013

"NE SOMMES-NOUS QUE L'OMBRE DE NOS PERSONNAGES?"



Mon île, petite fleur, fleur rouge, fleur de feu, fleur de braise, tu flottes dans le coton du théâtre, le velours noir du côté cour, le velours noir du côté jardin, ma fleur, ma pourpre, mon petit animal, mon poème qui transperce l'écran des projecteurs, mon île, où est ta plage que je dorme enfin?





 Belle étape passée hier avec ce si beau filage du Petit Nuage. Comme quand la beauté enfin te comble et t'autorise à lâcher la pression, tu te répands alors, dormir enfin avec le coton dans les yeux.

 Quelle belle aventure encore avec ce trio, ces trois beaux acteurs qui éclairent mon texte, ma mise en scène. Qu'enfin tout est simple, clair et lumineux, qu'enfin les quelques personnes présentes restent quelques minutes muettes. De ce beau mutisme qui d'une moue de la bouche indique que Wouah!



 "Tout au bout du quai où le ferry attend, elle voit le violoniste marcher en jouant la musique. L'archet vole et elle l'entend chanter. Elle entend dans sa bouche les mots qu'elle vient de prononcer: "Où est parti cet homme qui était ma moitié? Où est partie son âme quand il s'est évaporée?"

Le violoniste lui répond:


"Si la douceur vient du toucher d'où vient la larme indépendante qui veut sortir et exploser. Qu'est-ce que nous savons vraiment de ce que nous faisons? Qu'est-ce que nous savons de ce que nous sommes? Où ne sommes-nous que l'ombre de nos personnages? Où sont les sensations quand le corps et l'esprit se sont alliés pour fabriquer un démon? Le démon qui me torture et me pervertit? Où est ce que j'ai perdu? 
Toi à qui je parle, toi à qui j'écris, mon bateau, ma caravane, mon océan, mon pirate, mon bandana, mon geko, ma merveilleuse, ma plage, ma fleur rouge de l'aéroport, épine du Christ, femme libre, mon papier de carton, mon souvenir immédiat, mon geste de côté, mon regard éperdu, mon étincelle, mon rire quand tu veux me punir, ma musique, mes belles paroles de ma chanson, toi à qui je parle, toi à qui j'écris,"

 "Garde ton pied léger, ton regard aiguisé, tes cheveux mouillés qui embaument les haies du théâtre, la chaleur de ton corps qui embaume les rayons des projecteurs, les mains sur la table, le sourire accueillant, la beauté insolente, la pensée qui s'échappe, la liberté j'espère, la liberté j'espère, 
j'écrirai un spectacle où tu seras la liberté, toi à qui je parle, toi à qui j'écris, j'ai déjà commencé, c'est toi qui joues, c'est de toi que je parle, tu seras l'actrice et je serai celui qui dort dans le ruisseau, épuisé, qui ne peut pas aller plus loin et s'évapore dans la rosée de la nuit, mais tu es la nuit, l'aube et l'étoile et le soleil et la galaxie et où que je sois tu es là, pour mon bonheur, heureusement tu es là, toujours là et je t'aimerai toujours, c'est une certitude, tu seras le passant sur la berge du fleuve, tu seras le son de l'oiseau qui s'envole, la musique du pied sur le plancher, tu es la chaleur sur la joue du projecteur lointain, du théâtre qui m'enveloppe, de l'instant éphémère qui me rassure, la représentation et puis... toi à qui je parle, toi à qui j'écris,"

A demain